Crises de nerfs
C'est la crise. On nous le dit en tout cas. Pour la plupart de ceux qui galèrent tous les mois, la crise ça fait longtemps qu'elle existe dans les portes-monnaie. Seulement, depuis que le terme a envahi officiellement les médias, on s'intéresse aussi à eux : les un peu pauvres. Ouaip. Les un peu pauvres. C'est ceux qui sont au-dessus de la classe moyenne mais qui ont quand même de quoi manger. Ce sont ceux qui hantent les hard-discounteurs. Eux qui ont mal aux dents pendant des semaines parce qu'une couronne quand même c'est trop cher. Surtout avec leur mutuelle dans leurs moyens mais pourrie . Eux encore qui angoissent à l'idée qu'il va falloir changer les lunettes du petit dernier. Eux qui ne partent pas en vacances, ou si, au camping, mais pas à la mer, hein, pllutôt dans la région d'à côté. Les un peu pauvres c'est tout ceux qui ont le nécessaire et juste un peu de loisirs. L'internet parfois. Puis aussi le satellite, parce que lorsque le moindre loisir extérieur est hors de prix mieux vaut avoir 150 chaînes chez soi.
Maintenant on parle d'eux à la TV. En fait à chaque émission sur la crise. Car au lieu de nous montrer les boursicoteurs et les banquiers qui nous ont mis dedans, au lieu de faire leur travail de journalistes, les grandes chaînes parlent de ceux qui galèrent. Puis surtout ils font comme s'ils voulaient nous aider.
On nous montre alors une pauvre étudiante exposant ses pathétiques plan B pour mieux vivre, comme aller dans les écoles de coiffure pour sa couleur mensuelle. Ça encore je veux bien. Mais après on a le droit aux affolés des bons de réductions et des 100% satisfaits ou remboursés. En d'autres termes, si tu as du mal à remplir les placards, toi le un peu pauvre lecteur de blogs, c'est simple finalement : tu n'as qu'à profiter de ces offres. Oui. Et emmerder la pôvre caissière parce qu'il te faut un ticket par article. Puis chez toi t'as qu'à prendre encore deux heures, au moins, pour écrire des lettres où tu expliqueras pourquoi tu n'es pas satisfait de la tablette Chococrunch ou de la lessive Purenett. Ben oui, si tu es pauvre t'as qu'à faire ce qu'il faut et arrêter d'être digne. Comment ça t'as pas le temps de passer trois heures pour faire quelques courses ? Ben arrête de jouer avec tes enfants, t'es pauvre, t'as pas que ça à faire.
Après la folle des courses remboursées, on a généralement le droit à la maman qui fait tout elle-même. Dans le dernier reportage (sur Teva) que j'ai vu, la dame c'était Caroline Ingalls. En moins drôle. Le pain, les yaourts, tout qu'elle faisait. Là où j'ai bien rigolé, c'est qu'on vantait l'intérêt de faire soi-même ses cosmétos. Ouaip. Même le gloss. J'ai rien contre, hein, chacun ses hobbies mais montrer ça pour lutter contre les effets de la crise, c'était risible.
Alors j'en ai marre. Marre que la TV se foute de nous et qu'elle nous dise que si on est pauvre ben c'est pas grave, on a qu'à découper des bons de réduction, puis faire son pain. Parce que franchement, si avec tous ces bons conseils on continue à se plaindre, c'est vraiment de la mauvaise volonté...
Allez, je vais allez mettre ma machine à pain en route. A très vite pour un autre coup de torchon.